martes, 1 de febrero de 2011

Otro de Bonnefoy

LES GUETTEURS

I
Il y avait un couloir au fond du jardin,
je rêvais que j'allais dans ce couloir,
la mort venait avec ses fleurs hautes flétries,
je rêvais que je lui prenais ce bouquet noir.

Il y avait une étagère dans ma chambre,
j'entrais au soir,
et je voyais deux femmes racornies
crier debout sur le bois peint de noir.

Il y avait un escalier, et je rêvais
qu'au milieu de la nuit un chien hurlait
dans cet espace de nul chien, et je voyais
un horrible chien blanc sortir de l'ombre.


II

J'attendais, j'avais peur, je la guettais,
peut-être enfin une porte s'ouvrait

(Ainsi parfois dans la salle durait
dans le plein jour une lampe allumée,
je n'ai jamais aimé que cette rive).

Était-elle la mort, elle ressemblait
a un port vaste et vide, et je savais
que dans ses yeux avides le passé
et l'avenir toujours se détruiraient
comme le sable et la mer sur la rive,

et qu'en elle pourtant j'établirais
le lieu triste d'un chant que je portais
comme l'ombre et la boue dont je faisais
des images d'absence quand venait
l'eau effacer l'amertume des rives.


LOS VIGILANTES

I
Había un corredor al fondo del jardín,
yo soñaba que iba por ese corredor
la muerte venía con sus altas flores marchitas,
soñaba yo que le sacaba ese ramo negro.

Había un estante en mi habitación,
yo entraba de noche,
y veía dos mujeres resecas
gritar de pie sobre la madera pintada de negro.

Había una escalera, y yo soñaba
que en medio de la noche un perro aullaba
en ese espacio de ningún perro, y veía
un horrible perro blanco salir de las sombras.


II

Yo esperaba, temía, la acechaba
quizás al fin una puerta se abría

(Como en la sala alguna vez duraba
a pleno día una lámpara encendida,
yo nunca amé otra cosa que esa orilla)

¿Era quizás la muerte? Parecía
un puerto vasto y vacío, y yo sabía
que en sus ávidos ojos el pasado
y el porvenir siempre se destruirían
como la arena y el mar en la orilla,

y que en ella sin embargo yo establecería
el sitio triste del cantar que yo traía
como la sombra y el barro con las que hacía
imágenes de ausencia si venía
el agua a borrar la amargura de las orillas.


De "Hier régnant désert" (1958).
La traducción es mía.

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